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voyage au pays des brahmes.

dans l’intérieur de son habitation. À mesure que nous nous avancions sous une vérandah qui régnait sur les quatre côtés d’une cour quadrangulaire, une foule d’enfants des deux sexes, de trois à dix ans, complètement nus, et bronzés comme des Malabares, s’enfuyaient de tous côtés, ainsi que ces troupes d’oisillons qui s’envolent de buissons en buissons, à l’approche d’un voyageur.

— Ce sont mes petits-enfants, nous dit le vieux Soarès. Quelques instants après, il nous présentait à la senora, sa femme, aïeule de tous ces bambins. La vieille dame, sèche comme un parchemin, avec des tons de chair cuir de Cordoue, était entourée de huit à dix brus et d’autant de gendres, au teint chocolat, qui n’avaient plus d’européen que les vêtements… Elle nous tendit une main décharnée sur laquelle le capitaine eut l’audace de déposer un baiser… Ces façons vieux régime posèrent immédiatement mon ami Durand en homme galant et bien né ; pour ne point passer pour un grossier personnage, je fus obligé de m’exécuter, mais en me penchant sur la main de la noble dame, je devinai, au parfum d’oignon et d’échalote, qui s’en dégageait, que notre arrivée était venue la surprendre au milieu de ses travaux culinaires.

Après cela commença le défilé de tous les