Page:Jacolliot - Voyage au pays des Brahmes.djvu/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
de trivanderam à goa.

Inutile de dire que Mahadéva avait dédaigné un pareil mode de transport.

Le brave homme, qui exerçait ainsi la profession de passeur par mandataire, car pour rien au monde il n’eût voulu accomplir lui-même pareille besogne, se nommait don Francesco Soarès.

Dès les premiers mots que nous échangeâmes il daigna nous apprendre qu’il descendait en ligne directe du grand Lope de Soarès, ancien vice-roi de Goa, et nous pria d’excuser la nécessité qui le forçait d’accepter notre argent.

Nous lui répondîmes que tous les nobles seigneurs du moyen âge s’étaient emparés des carrefours, des bacs et des gués pour mieux rançonner les passants, qu’ainsi exerçant un métier de gentilhomme, il ne devait avoir nulle crainte de faire rougir les mânes de ses aïeux.

Cette explication parut le satisfaire beaucoup, et apprenant que nous allions passer la nuit dans son voisinage, il nous offrit de partager le souper de sa famille. Nous acceptâmes avec d’autant plus de plaisir, que notre promenade dans les rues de Goa nous avait inspiré un désir assez vif de pénétrer dans l’intérieur d’une de ces demeures indo-portugaises.

Laissant à Amoudou le soin de veiller à notre installation, nous suivîmes notre hôte improvisé