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les ruines de bedjapour.

voquantes promesses ; les effets du hatschich arrivèrent bientôt à leur paroxysme, et je me sens incapable de décrire les sensations diverses qui vinrent nous assaillir. Ce n’étaient plus dix femmes que nous avions devant nous, l’illusion, le mirage du hatschich, en moins de rien, eut quadruplé, quintuplé, décuplé leur nombre, du moins je parle pour moi, car, sous l’influence de l’enivrement par le canabis indica, il n’y a pas deux personnes qui éprouvent les mêmes sensations, et je vis bientôt devant moi comme un océan de fleurs, — le tapis sans doute aidait à l’illusion, — dont les flots légèrement agités roulaient des têtes charmantes, des seins éblouissants et des bras entrelacés qui ressemblaient à des serpents plus blancs que la neige, et ces flots m’attiraient à un point que peu à peu, et comme malgré moi, j’y plongeai ardemment ; alors les flots, prenant la forme de bouches ravissantes, vinrent me donner une cascade de baisers chauds et parfumés et il me sembla que je buvais ces baisers à même avec les fleurs qui formaient l’eau de l’océan et que l’océan allait tarir. Tout à coup Je me dis : Plus de baisers, plus de fleurs, mais l’humanité va finir, et c’est moi qui en aurai tari la source… Saisi d’effroi, je me mis à nager au milieu de toutes ces formes enchan-