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voyage au pays des brahmes.

Ces choses-là ne se traduisent pas de sang-froid, et, dans nos langues d’Europe, on les trouverait impudiques. Sous le ciel de l’Inde, dans cette atmosphère chargée de parfums, avec les inflexions mélodieuses du tamoul dans la bouche d’une aussi gracieuse interprète, c’était tout simplement le Cantique des cantiques de l’amour universel.

À un moment donné, la tête prise par les parfums excitants qui se dégageaient des trépieds enflammés, je me sentis saisi par une invincible somnolence. Ce n’était pas le sommeil, c’était comme une ivresse qui vous laisserait éveillé, mais en supprimant votre volonté ; je jetai des regards languissants autour de moi… le capitaine et sa nautchny avaient disparu… Quel terrible homme que ce capitaine Durand… et quelle belle fille que cette Nourmalh…

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Je ne sais combien de temps j’avais dormi, à demi asphyxié par les parfums mélangés de canabis indica (chanvre, base du hatschich) que l’on avait brûlés dans la salle, lorsque je m’éveillai doucement au bruit du tam-tam et de la vounei, qui se répondaient en cadence entre les mains de deux vieilles musulmanes accroupies dans un coin ; le capitaine était assis à mes côtés, et les deux jeunes nautchnys, dans la même