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les ruines de bedjapour.

magnifiques juives au teint mat, à la figure de l’ovale le plus pur, aux grands yeux languissants et aux cheveux noirs, comme on en rencontre parfois au Maroc, en Algérie et dans les régences de Tunis et de Tanger, pourront seuls comprendre à quel rare type de beauté appartenaient nos deux nautchnys ; leur peau, quoique chaude et colorée, avait des tons de nacre et de lait, on eût pu modeler leurs membres et leur poitrine pour faire une Vénus adolescente, et leurs visages vifs et enjoués, malgré la sévérité de leur long profil de camée antique, avait conservé toutes les grâces de l’enfance.

Je ne sais combien d’heures nous causâmes ; le capitaine ignorait la langue douce et imagée dont nous nous servions ; mais comme marin c’était un homme d’action, et il faisait éclater son admiration par la plus expressive des pantomimes.

Peu à peu, en bavardant avec la charmante enfant dont la tête était coquettement appuyée sur mes genoux, je m’isolai à ce point que je ne songeai plus à mon compagnon, et tout en caressant l’opulente chevelure tressée avec des fleurs de la gentille Nourmahl, c’est le nom qu’elle s’était donné, j’écoutais avec ravissement tout le répertoire de chants d’amour qu’elle fit défiler devant moi.