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les ruines de bedjapour.

revivre, et marcher devant nous, les statues antiques, qui nous font rêver des modèles de Praxitèle et de Phidias.

Il est certain que l’œil se forme par la vue constante du beau, et que les grands artistes de l’antiquité, au milieu de cette grande liberté de mœurs et d’allures de leur temps, se sont formés plus facilement qu’ils ne l’eussent fait à notre époque d’hypocrite pruderie ; aujourd’hui on ne va plus causer chez Phryné, Laïs ou Aspasie qui vous laissaient encore, comme à l’orateur antique, la force de fuir un repentir ; on se ruine pour des gueuses, avec la honte de s’être traîné dans la boue pour des femmes sans esprit, sans grâce et sans beauté.

Nos deux musulmanes n’avaient d’autres vêtements que quatre anneaux d’or massif aux poignets et aux chevilles et quelques mètres de gaze enroulés autour des hanches qui, par une extrémité, étaient négligemment rejetés sur l’épaule, sans rien voiler de leurs délicates et mystérieuses beautés.

Les deux jeunes filles nous firent asseoir à côté d’elles sur un large divan ; elles pouvaient avoir de quatorze à quinze ans, l’âge où sous ces chaudes latitudes la femme atteint la plénitude de son développement.

Nous étions dans une salle assez grande,