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les ruines de bedjapour.

nous choquer contre les blocs de marbre ou de granit qui, de tous côtés, encombraient le chemin ; nous contournâmes une bonne partie de Bedjapour par l’ouest, et l’impatience commençait à nous gagner, lorsque notre guide nous dit à voix basse :

— Va, saëb (c’est ici, seigneur).

Nous nous trouvions en face d’une petite poterne, percée dans un long mur blanc, suivant la coutume musulmane, les autres ouvertures devant toutes donner sur des cours intérieures ou sur des jardins.

Chek-Moulik gratta doucement à la porte, qui s’ouvrit à l’instant même.

— On nous attendait, fis-je à l’oreille de mon ami, étonné que j’étais de cette promptitude qui n’avait rien d’oriental, et de fait nous vîmes bien, par la suite, que la réception avait été préparée, et que le moullah avait dû prévenir de notre visite.

— Salam, saëbs, nous dit dans l’obscurité une petite voix douce et chaudement timbrée ; par l’ouverture nous arrivaient à flots, de l’intérieur, de tièdes émanations de sandal, de vétyver, d’encens et de musc, qui me firent hésiter un instant. Je savais que les bayadères musulmanes avaient recours à tous les moyens d’excitation et abusaient du hatschich et, pour en avoir déjà