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voyage au pays des brahmes.

notre offrande, les larmes aux yeux et la rage dans le cœur.

Au moment où nous quittions ces lieux sinistres, un vieux brahme, que nous croisâmes sur le sentier, nous lança ces mots en sanscrit :

« Kirata kahaas out soûras ! » stupides hommes noirs !

— Que dit-il ? me demanda immédiatement mon compagnon.

— Il nous fait comprendre, lui répondis-je, que nous avons devant nous les dernières victimes des inquisiteurs portugais à Goa !

Dès que nous eûmes rejoint notre petite caravane, nous traversâmes lentement les rues de la capitale des possessions portugaises dans l’Inde, pour gagner les marais de la Mandova, de l’autre côté desquels nous voulions établir notre campement et passer la nuit.

À part les quelques fonctionnaires qui, de temps à autre, arrivent de la métropole, les habitants de Goa se composent de métis qui, chose curieuse, sont beaucoup plus foncés en couleur que les Indous, et de moines de tous ordres.

Les rues sont encombrées de ces pieux fainéants qui là, peut-être mieux qu’ailleurs encore, sont passés maîtres dans l’art de vivre du travail des autres.