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les ruines de bedjapour.

Et cependant, parcourez cette ville en ruines, demandez à chaque monument d’utilité publique, la léproserie, les caravansérails, les fontaines, les asiles pour les malheureux, qui a fait cela ? On vous répond invariablement, Ibrahim-Padshah.

Ce prince doux, humain, éclairé, qui ne fit aucune guerre et ne s’occupa que du bonheur et de la prospérité de ses sujets, n’a pas assez fait pour être sauvé de l’oubli. S’il avait massacré quelques millions d’hommes et volé deux ou trois provinces, l’histoire n’aurait pas assez de louanges, pas assez de lauriers ; le génie, pour elle, ne consiste pas à développer et à améliorer les hommes, mais bien à savoir les lancer le fer à la main les uns contre les autres. Pauvre Ibrahim ! tu fus honnête et bon, et je ne quitterai pas cette antique Bedjapour sans renouveler d’une main pieuse les tentures qui abritent le mausolée où tu reposes avec les tiens.

Cette offrande du kafir, de l’infidèle, je serai glorieux de la faire au seul souverain, peut-être, qui ne fit pas répandre une seule goutte de sang dans sa vie…

La galerie qui environne la salle est remarquable par son toit de marbre sculpté avec un art infini. Il est divisé en cent quarante-quatre