Page:Jacolliot - Voyage au pays des Brahmes.djvu/350

Cette page a été validée par deux contributeurs.
324
voyage au pays des brahmes.

moullah lui avait préparé également une de ces charrettes à deux roues, étroites et très-élevées, qui servent à transporter les guépards pendant la chasse.

En inspectant du coin de l’œil son personnel, je ne pus m’empêcher de rire : le moullah, qui sans doute n’entendait rien à l’art de saint Hubert, avait ramassé tous les totis, panayos, rhodias et autres vagabonds qu’il avait rencontrés, s’imaginant sans doute que tous ces rôdeurs de grands chemins devaient faire d’excellents rabatteurs.

Mon bohis Tchi-Naga, qui était le mutisme incarné, ne put s’empêcher de lui demander, dans son langage imagé, comment il avait fait pour rencontrer autant de vermine, autant de chacals puants.

Quant au capitaine, il allait à droite et à gauche, se démenait et se donnait des airs d’importance des plus comiques ; sa seule crainte était de passer pour emprunté aux yeux des indigènes ; il voulait à toute force se donner la tournure d’un vieux voyageur pour qui l’Inde n’avait pas de secrets.

Je ne cherchai pas à lui ouvrir les yeux sur les singuliers compagnons qu’il allait avoir ; ces gens ne sont dangereux qu’entre Indous, et du moment où il ne risquait rien, il n’y avait pas