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les ruines de bedjapour.

cadavres, on commence par creuser une fosse profonde, de la longueur de six pieds, de la largeur de trois ; cet espace de terrain est consacre par des memtrams et de l’eau lustrale qu’on répand à profusion. Cette eau consacrée par les prières des brahmes prêtres, dans laquelle ils mettent dissoudre une poignée de sel, un peu de poudre d’encens, de myrrhe et de sandal, a cela de bon qu’elle n’est pas chère ; pour quelques sous vous pouvez largement en asperger votre cadavre et la place où il va être brûlé, et en conserver encore pour l’usage de la famille… car cette eau miraculeuse, non-seulement chasse les âmes en peine et les démons qui rôdent autour du brancard funéraire, mais encore procure aux vivants toutes sortes de félicités… je dois même ajouter pour mon propre compte (n’en ayant usé qu’une seule fois et dans une circonstance spéciale) qu’elle est excellente pour faire la soupe.

Voici à quelle occasion je pus porter ce jugement.

J’étais en chasse entre Pondichéry et Madras, sur les rives du Chounambar, fleuve qui, pendant les mois de sécheresse, a assez l’habitude d’avaler son eau pour se rafraîchir lui-même. Ce jour-là il n’en avait pas même laissé une goutte pour les voyageurs, nous étions au mi-