Page:Jacolliot - Voyage au pays des Brahmes.djvu/299

Cette page a été validée par deux contributeurs.
273
les ruines de bedjapour.

le fils aîné du défunt et, à défaut d’enfants, l’héritier le plus direct du défunt va se baigner sans ôter ses vêtements, puis se fait raser complètement la figure et le crâne ; ceci fait, il rentre à la maison mortuaire, où tous les assistants se mettent à pleurer et à hurler à qui mieux mieux. Si la famille est assez riche, elle se paye le luxe de pleureurs et de pleureuses à gage. On débat alors avec le pourohita ou prêtre qui va officier le prix de cette seconde partie des cérémonies funéraires. On peut traiter à tant par cérémonie ou à forfait. Il y a des solennités mortuaires depuis une demi-roupie, c’est-à-dire vingt-cinq sous, jusqu’à des milliers de roupies ; les brahmes s’entendent admirablement à exploiter l’orgueil de la famille.

Vingt-cinq sous… c’est le prix des pauvres. Pour cette somme, on n’a qu’un jeune pourohita, un débutant qui se dépêche de marmotter quelques prières en bloc, accompagne son mort jusqu’au bûcher, le regarde flamber quelques minutes et se hâte de rentrer à la pagode. Quand on ne peut y mettre que vingt-cinq sous, on est sûr de son affaire ; plus d’amulettes, plus de pantcha-gavia, toutes les ouvertures sont livrées au diable qui entre là comme en pays conquis, et il faut quelques millions d’années passées dans le Naraca ou enfer, pour que le misérable