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les ruines de bedjapour.

gnâmes les ruines qui abritaient notre campement.

La nuit était superbe, une de ces nuits des tropiques, calme, tiède et pleine de parfums. La lune, dans son premier quartier, parcourait le ciel comme un cercle d’argent, et des milliers d’étoiles formaient un cortège de lumières à la Croix du sud qui descendait lentement à l’horizon.

Malgré l’heure avancée, nous montâmes sur la terrasse du palais, pour aspirer à longs traits l’air rafraîchi par la brise des montagnes qui venait de se lever, et jouir du magnifique spectacle qui nous entourait.

Au-dessous de nous, dans une rue perpendiculaire à la ligne de l’aile gauche du palais, devant une case de chétive apparence, on procédait en ce moment aux funérailles d’un brahme du culte vulgaire. Tout se fait la nuit dans l’Inde, les funérailles, les mariages, les cérémonies de naissances, les repas, les réjouissances ; c’est ce qui donne aux villes indoues un aspect si original et si étrange la nuit. Ici on chante et on rit… ici on pleure. La musique profane coudoie la musique funéraire, les processions religieuses se heurtent aux promenades de mariages, et les convois funèbres se voient souvent barrer la route par des jongleurs qui amusent la foule, les