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voyage au pays des brahmes.

— Quoi, tu penserais que mon noir se serait véritablement rendu à la mosquée, ainsi qu’il nous l’a dit il n’y a qu’un instant ?

— Chek-Moulik ne comprend pas le langage des belatis (étrangers), il n’a donc pas entendu ce qu’Amoudou a dit, mais il sait qu’il y a à Bedjapour beaucoup de nautchny musulmanes, c’est là qu’on le trouvera.

Nous nous engageâmes à sa suite dans une petite ruelle, tellement sombre, que nous ne pouvions rien distinguer à quelques pas de nous, mais de laquelle, comme contraste, partaient des chants et des cris, entremêlés de sons de tam-tam et de vounei (sorte de guitare). En passant devant une de ces maisons joyeuses, nous entendîmes la voix d’Amoudou qui dominait toutes les autres, nous nous approchâmes discrètement et nous aperçûmes dans une cour intérieure qui contenait une société nombreuse et des plus mêlées, mon Nubien qui dansait à perdre haleine en chantant un refrain de son pays. Aux sons gutturaux qu’il poussait en roulant des yeux terribles, je compris qu’il avait déjà bu à perdre la raison. Les vagabonds, écumeurs de route et étrangleurs à l’occasion qui formaient la majorité de cette réunion, s’en donnaient à cœur joie, et l’arrak, versé par une