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voyage au pays des brahmes.

gens de cette caste, tu le sais mieux que nous, ne peuvent ni posséder la terre, ni édifier de maisons, ni élever de monuments aux dieux.

— Vous avez raison, saëb, mais l’élévation singulière de cet homme est due à l’intervention des astres.

— Conte-nous la chose ?

— Volontiers. Ibrahim-Shah, un des plus grands souverains de Bedjapour, il y a bien des siècles de cela… souffrait depuis de longues années d’une maladie des yeux qui faisait son désespoir, car il voyait arriver le moment où il allait être frappé de cécité. Il avait consulté tous les médecins attachés à sa cour, avait fait venir près de lui les plus célèbres de l’Inde entière, aucun d’entre eux n’avait pu ni adoucir le mal, ni en arrêter les progrès. Il consulta le chef des astrologues, et lui dit que s’il pouvait recouvrer la vue par quelques puissances occultes, il rendrait celui qui le guérirait plus riche qu’aucun des grands personnages du royaume. L’astrologue répondit au Shah, après avoir consulté les astres, que ses désirs seraient exaucés s’il donnait toutes ces richesses, dont il venait de parler, à la première personne qui s’offrirait à sa vue le lendemain matin.

Ibrahim, impatient de recouvrer l’usage de ses yeux, se leva le jour suivant de si grand