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qu’il avait pu colorer les motifs de son absence.

Cela se terminait toujours ainsi : je lui accordais, sous un prétexte ou sous un autre, quelques instants de liberté, et il ne rentrait que quand je l’envoyais chercher pour le départ, ou quand une escapade un peu trop forte, car je ne le perdais jamais de vue, me forçait à intervenir.

Le plus souvent, j’étais obligé de le faire enlever de force par les deux bouviers. Bedjapour était hanté par une foule de vagabonds et par des sectateurs de la déesse du sang, Kaly, vulgairement connus en Europe sous le nom de thugs, et ces gens-là, peu dangereux pour des Européens qu’ils n’osent jamais attaquer, les sachant bien armés et de difficile composition, ne se gênent pas pour attaquer et dévaliser les indigènes. Ils pratiquent ainsi le meurtre, mais contrairement à ce que certains voyageurs en ont dit, seulement à de certaines grandes fêtes, et pour offrir des victimes humaines à leur déesse.

Ils ne tuent pas pour voler.

Sachant que mon Nubien pouvait avoir maille à partir avec eux, j’envoyai le cornac Vaïtilinga avertir dans toutes les boutiques de tchandos que s’il arrivait la moindre des choses à mon noir, c’était à nous que les maraudeurs auraient affaire. J’étais certain que la menace produirait son effet.