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voyage au pays des brahmes.

cependant par mettre un terme à son supplice, car il n’aurait jamais osé m’adresser la parole le premier.

Je clignai de l’œil en regardant le capitaine, que ces situations comiques amusaient beaucoup.

— Eh bien ! Amoudou, fis-je au pauvre diable qui me regardait d’un air suppliant, tu as l’air un peu fatigué, ce soir. Je lui soufflais son motif pour abréger l’entretien, mais j’avais compté sans l’orgueil du nègre.

— Amoudou n’est jamais fatigué, massa (maître), répondit-il en se redressant.

— Ah ! je croyais. Je t’aurais autorisé à aller te reposer, mais puisqu’il n’en est rien, tu vas t’occuper des préparatifs de notre dîner.

— Tchi-Naga m’a demandé à faire la cuisine ce soir, Massa.

En disant cela, on voyait à sa mine allongée qu’il mentait effrontément.

— Tu as donc quelques projets pour ce soir ? lui répliquai-je pour ne pas augmenter son supplice.

— Amoudou est un mauvais garçon, fit-il avec un air de douleur affecté.

— Explique-toi.

— Massa sait bien qu’Amoudou est un enfant du Prophète.