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les ruines de bedjapour.

à quelques pas de là, nous raconta que Moulki-Meidan avait été fondu avec un autre canon de même grosseur, qui fut nommé Kourk-o-Boudghy, c’est-à-dire éclair et tonnerre, mais que ce dernier avait été enlevé par Aureng-Zeb, et voici ce qu’il nous conta de cette légende.

L’ambition du Grand Mogol de Delhi était qu’il n’y eût pas dans l’Inde un seul souverain qui ne fût dépendant de son autorité. Or, les souverains de Bedjapour n’avaient jamais voulu reconnaître sa suzeraineté, Aureng-Zeb guettait depuis longtemps l’occasion de marcher sur Bedjapour, lorsque Ali-Adil-Shah II monta sur le trône. Il lui envoya l’ordre d’accomplir à son égard la formalité d’hommage qu’il prétendait lui être due. Le nouveau rajah du Deccan s’y étant refusé, l’empereur envoya contre lui son meilleur général, avec une forte armée, qui vint mettre le siége devant Bedjapour.

En vain la ville fut investie pendant plusieurs mois, et un grand nombre d’assauts donnés, il fut impossible de la prendre. Aureng-Zeb, furieux de l’insuccès de son lieutenant, vint lui-même diriger les opérations à la tête d’une armée plus nombreuse encore.

Or, d’après une croyance populaire, la ville devait rester imprenable, tant que ces deux canons ne seraient point séparés.