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voyage au pays des brahmes.

qui semblaient dormir dans du duvet rose, était si gracieux, tout, jusqu’à cet alligator qui avait paru tout d’un coup pour donner une pointe de montant à la scène… concourait si bien à l’harmonie pittoresque de l’ensemble, que ce coin de nature équatoriale n’est jamais sorti de mon souvenir…

Que de fois, en face de ces sites charmants ou pleins de grandeurs qui m’émouvaient ou me frappaient d’admiration, n’ai-je pas désiré d’avoir à mon service la palette du peintre !… mais ces envies duraient peu ; on ne rapetisse pas sur quatre mètres de toile ces pays de la lumière et des végétations sans fin…

Nous ne fîmes que traverser Kolanpour ; un collecteur anglais y tenait actuellement ses assises et ramassait, pour la plus grande gloire de l’Angleterre, sous prétexte d’impôt, jusqu’au dernier sol des pauvres diables, qui ne comprennent pas très-bien tout l’honneur qu’il y a pour eux à engraisser le drapeau britannique. Master John Drift, je crois qu’il répondait à ce nom, occupait ses loisirs à dresser des coqs de combat, il nous en montra avec orgueil une pleine cage, tous plus ou moins déplumés ou écorchés ; son plus terrible champion avait eu un œil crevé la veille, et il le soignait avec amour, pour qu’il pût prendre sa revanche le