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les ruines de bedjapour.

la plaine, la petite ville de Kolanpour comme enfouie dans un nid de verdure.

Le brave écorceur de cannelle nous quitta tout joyeux. Nous lui avions donné quarante roupies, environ cent francs, comme salaire, c’était plus qu’il ne gagnait en six mois.

En toute autre circonstance, trois ou quatre roupies eussent dépassé même ses exigences, mais nous voulions lui panser largement sa blessure assez profonde, quoique sans gravité.

Nous fûmes près de trois heures à descendre le second versant, et malgré des pentes assez escarpées, nous atteignîmes la plaine sans encombre ; avant d’arriver à Kolanpour, nous rencontrâmes un petit lac, tout entouré de multipliants, de tulipiers, de ficus et de touffes de bambous. Un alligator, qui glissait à la surface des eaux, plongea à notre approche et disparut dans les hautes herbes, pendant que des milliers de hérons roses, debout sur une patte le long de la rive, le cou enroulé autour du corps, nous regardaient passer immobiles comme des cariatides emplumées… Ce ne fut qu’une échappée !… Un coup d’œil, et tout disparut avec le sentier qui tournait sous bois dans le sens opposé ; mais ce petit paysage était si frais, si coquet, la lumière se jouait si amoureusement dans le feuillage des banians, le lac, avec sa couronne d’oiseaux