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voyage au pays des brahmes.

rer un des plus beaux tigres royaux que j’aie jamais vus, que Mahadèva pressait encore sur ses défenses.

Le Tchaléa en était quitte pour une légère déchirure à l’épaule. Bien lui en avait pris de marcher sous la protection immédiate de la trompe de l’éléphant.

Nous laissâmes à l’intelligent animal le soin d’emporter le corps de son ennemi, et ayant éteint le flambeau qu’Amoudou avait pris dans nos ustensiles d’approvisionnement, nous nous hâtâmes de franchir la faible distance qui nous séparait encore de l’asile où nous désirions achever la nuit.

Le lecteur s’étonnera sans doute de voir qu’avec les moyens d’éclairer notre marche, nous préférassions nous replonger dans l’obscurité ! Bien simples en sont les motifs. Habitués à traverser en tout temps les bois et les montagnes, les bufflones (métis de la vache et du buffle) marchent d’un pas sûr dans les sentiers les plus difficiles et par les nuits les plus noires ; si vous éclairez votre route, il suffit d’une branche d’arbre, dont l’ombre s’allonge sur le chemin, d’un rien pour que l’attelage prenne peur et s’élance dans le ravin, ou, si vous êtes en plaine, brise leur charrette dans une course folle.