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les ruines de bedjapour.

en nous faisant affluer le sang au cerveau, avait paralysé pendant quelques instants chez nous toute faculté de perception.

Le combat, si on peut l’appeler ainsi, ne dura pas vingt secondes, car après le premier bond qui nous avait surpris, l’éléphant resta immobile, et en entendant râler son ennemi, nous comprîmes que notre vaillant défenseur l’avait saisi de sa trompe puissante, et était en train de l’étouffer en le pressant contre ses robustes défenses.

Avec la rapidité de l’éclair, Amoudou avait enlevé le Tchaléa, qui avait reçu le premier choc. Par le plus grand des hasards, et grâce surtout à la promptitude de Mahadèva, l’écorceur de cannelle avait eu plus de peur que de mal. Quant à Vaïtilinga, il s’était enfui à demi mon de frayeur, et l’on eut toutes les peines du monde à le faire sortir d’une des charrettes à bœufs dans laquelle il s’était réfugié.

Il nous fallut un moment pour nous rendre compte de la situation. Amoudou, qui songeait à tout, s’était hâté d’allumer un falot, nous descendîmes de notre poste malgré les efforts que le brave garçon faisait pour nous en empêcher, craignant un retour offensif du compagnon du terrible félin, au cas où il eût été accouplé, et nous pûmes, non sans un certain frisson, admi-