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les ruines de bedjapour.

terions guère, avec Mahadèva et nos armes perfectionnées, fis-je au capitaine.

La nuit était si profonde en ce moment que nous entendions le bruit de nos attelages qui gravissaient péniblement les pentes derrière nous, mais qu’il nous était impossible de les distinguer. De temps à autre, la voix grave d’Amoudou troublait le silence pour recommander aux bouviers de se tenir sur leurs gardes.

Les yeux perçants du Nubien, sondant l’obscurité, apercevaient à des distances que les nôtres ne pouvaient franchir, des éclairs rapides qui paraissant et disparaissant en un instant dans les fourrés, indiquaient le voisinage de quelques-uns des fauves habitants de ces contrées. Tout à coup, trois hurlements prolongés qui se firent entendre coup sur coup, au-dessous de nous dans la vallée, vinrent donner raison aux appréhensions du Tchaléa. Je le rappelai immédiatement près de nous. Mahadèva donnait des signes évidents de colère, et il était urgent de savoir au plus tôt où nous allions passer la nuit.

— Où nous conduis-tu ? fis-je à l’écorceur de cannelle.

— À la plus prochaine tour des rajahs, saëb !

— Quelle distance avons-nous encore à parcourir ?