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de trivanderam à goa.

faiblesse, c’était de croire à toutes les histoires à dormir debout que lui débitait Amoudou et de professer pour lui un véritable culte.

Rien n’était amusant comme d’assister, pendant les veillées, aux hécatombes de bêtes fauves, d’étrangleurs et de maraudeurs de la jungle, qu’Amoudou massacrait régulièrement pour le plus grand plaisir de son ami… Le Bohis émerveillé, respirait à peine, et mon Nubien, qui ne s’arrêtait pas facilement en aussi beau chemin, en arrivait à se rouler au milieu des tigres et des éléphants sauvages… Ce qui avait établi son prestige d’une manière inébranlable, c’est que l’exagération portait seulement sur les circonstances incroyables dont il entourait ses récits, le nombre d’animaux qu’il avait tués d’un seul coup, et le chiffre des étrangleurs ou Thugs qu’il avait défaits en batailles rangées ; Amoudou n’avait pas son pareil pour aller tuer dans un combat singulier un tigre dans la jungle, ou un requin dans l’Océan, et vingt fois Tehi-Naga l’avait vu jouer sa vie avec une crânerie sauvage, sans y être poussé autrement que par le désir de montrer son mépris pour le danger.

Mahadéva, l’éléphant, était conduit par un cornac du nom de Vaïtilinga.

Ce dernier avait été chanteur ambulant,