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les ruines de bedjapour.

des garnisons et de nommer des officiers de policé et de justice. En somme, toute la Hollande commerçante s’incarna dans cette immense Compagnie.

La création de cette seconde puissance souveraine dans l’État, mais qui ne pouvait exercer sa souveraineté que dans l’extrême Orient, c’est-à-dire au delà du cap de Bonne-Espérance, fut la plus grande œuvre politique de l’époque. Tout en permettant à une nation entière de faire passer dans l’œuvre à accomplir toute sa puissance, l’État en lui-même semblait demeurer étranger à la chose, et partant, n’assumait envers les autres nations européennes aucune responsabilité directe. Et également sans avoir à engager son pavillon et froisser l’amour-propre national, l’État, en cas de plainte de la part d’une nation étrangère contre la Compagnie, pouvait obliger cette dernière à céder, sans rien perdre de son prestige souverain.

Nous verrons bientôt quel parti l’Angleterre a su tirer de ce dualisme qui lui a permis de flétrir, par des jugements, ses gouverneurs généraux de l’Inde, et malgré cela de profiter de leurs rapines, de leurs exactions.

Lorsque l’Espagne et le Portugal, unis alors sous la même couronne, virent les Hollandais marcher peu à peu à la conquête de tout le