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voyage au pays des brahmes.

telles preuves de dévouement et de fidélité, que je m’en rapportais exclusivement à lui des soins à prendre pour la sûreté de notre petite caravane.

Les lecteurs qui ont bien voulu me suivre dans mes précédents voyages, connaissent cette figure singulière, mélange de sauvagerie et de naïve bonté, d’appétits brutaux et d’abnégation. C’était un type achevé de la pure race nègre… capable de toutes les cruautés sur un ordre du maître, terrible dans l’exaltation ; au repos, plus doux qu’un enfant, aussi courageux qu’un dogue et plus ivrogne qu’un Irlandais.

Il me craignait autant qu’il m’aimait, et j’avais, dans la mesure du possible, tempéré ses mauvais instincts au profit de ses bonnes qualités. Comme tout bon nègre, il était grand conteur d’histoires, vantard et braillard à l’excès.

Mon Bohis Tehi-Naga remplissait les fonctions de vindicara ou bouvier : j’avais en lui également la confiance la plus aveugle, et il la méritait à tous égards. C’était un Indou de race malabare, appartenant à une caste estimée, et qui ne m’a jamais donné l’occasion, soit à la maison, soit en voyage, de lui faire la moindre observation ; il était toujours gai et empressé dans son service, et je ne lui ai connu qu’une