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les ruines de bedjapour.

Ceux qui construisent les pirogues sont les seuls qui aient voulu quelque chose de notre civilisation. Ils nous ont pris la hache et la scie pour lesquelles ils ont marqué de suite une profonde admiration. Mais je dois me hâter d’ajouter que les pirogues creusées à la hache dans les troncs d’arbres ont cinq fois moins de valeur et de durée que celles qui sont creusées par le feu.

À côté de cette enfance industrielle et artistique, on rencontre chez ces populations, — fait que n’ont pu observer les touristes ou navigateurs qui ignorent leur langue, — un extraordinaire développement intellectuel.

Vives, spirituelles, aimant la plaisanterie, promptes à la riposte, d’une grande imagination poétique, douées d’un sentiment musical exquis qui les porte à s’assembler et à chanter en chœur des airs pleins de mélodie qu’elles composent elles-mêmes, je les place fort au-dessus des populations les plus avancées de France ou d’Angleterre, je ne parle pas de la brute germanique.

J’ai habité pendant plusieurs années cette partie de la Polynésie qui comprend le groupe des îles de la Société dont Taïti est la capitale, le groupe des îles Sous-le-Vent, Borabara, les deux Huaïné, Raïatéa et les groupes des Pomou-