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voyage au pays des brahmes.

profusion leur eau parfumée et leurs fruits ; les forêts sont remplies de ces petits porcs océaniens, dont la chair délicate et ferme ferait les délices des meilleures tables d’Europe.

La mer est tellement poissonneuse entre les récifs qui entourent les îles, qu’un seul coup de filet amène de la nourriture pour plusieurs jours et pour toute une famille.

Donc le Polynésien peut se servir d’instruments réputés primitifs pour les bien rares travaux auxquels il se livre, sans qu’il reçoive de cela une place inférieure dans la famille humaine, ou qu’on puisse en induire une colonisation récente des îles qu’il habite.

Vivant sous le plus tempéré et le plus égal des climats du globe, n’éprouvant ni le besoin de se vêtir, ni celui d’habiter d’autre maison qu’une case de feuillage, se procurant sa nourriture sans efforts, n’ayant à lutter avec aucun animal venimeux ou féroce, il n’a rien inventé, je le répète, parce qu’il n’avait besoin de rien.

Il y a environ une soixantaine d’années que les Européens ont commencé à s’établir par là ; eh bien, malgré ce laps de temps déjà considérable, je n’ai pas trouvé, à part ceux engagés sur des navires, deux indigènes faisant usage de couteaux, et ce n’est pas faute cependant qu’on leur en ait donné.