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de trivanderam à goa.

périssable aux bayadères de la pagode de Chélambrum[1], morceaux rares réservés aux brahmes et aux voyageurs de distinction, n’eût pas été fâché d’établir une comparaison entre les manières poétiques des filles du temple et celles de ces femmes que l’on appelle communément dans l’Inde les vierges des bosquets, parce que leurs maisons sont toujours entourées d’épaisses touffes de jeunes palmiers, de cocotiers et de lianes…

— Les voyageurs ne doivent-ils point tout voir, tout étudier ? me dit-il en regardant du coin de l’œil la sœur du brahme Arouna, qui, après avoir fait quelques pas dans la direction du village, s’était subitement arrêtée, dardant sur nous ses longs yeux noirs… comme si elle eût senti qu’elle avait un allié parmi nous…

— Vous tenez donc bien, mon cher capitaine, lui répondis-je, à vous donner les étourdissements de l’opium et les excitations du hachich ?…

— Écoutez, me répondit le malin compère, vous habitez l’Inde depuis de longues années, et il me semble que je puis vous poser cette question : N’avez-vous jamais cédé au désir de voir par vous-même ce que sont ces rêves et ces

  1. Voyage au pays des Brahmes, les ruines de Golconde.