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de trivanderam à goa.

les riches Indous, dont les sens ont besoin d’être stimulés, de merveilleux instruments de plaisirs. La fréquentation des courtisanes n’a rien de déshonorant dans l’Inde, on la considère comme une nécessité de l’existence de l’homme dans la maturité.

Les jeunes gens, qui dans chaque bosquet trouvent de jeunes et jolies filles toujours prêtes à chanter avec eux cet éternel duo d’amour, que la nature a composé pour sa propre conservation, font peu de cas de ces femmes plus savantes encore qu’elles ne sont faciles : un sourire, une fleur dans les cheveux, le murmure de deux lèvres roses suffisent à faire parler leurs jeunes ardeurs. Mais parmi les Indous de trente-cinq à cinquante ans, il en est peu qui, au moins une fois par mois, ne s’en aillent, en compagnie de deux ou trois amis, passer vingt-quatre heures chez une de ces prêtresses du culte de Cythère.

Ils sortent de là abrutis par les excès de toute nature, épuisés par les boissons et le houkah, sorte de narghillèh dans lequel on fume un tabac opiacé à l’essence de rose et au parfum du sandal. En sortant de là, ils se font porter chez eux en palanquin, prennent un bain et s’endorment, et deux ou trois jours après vaquent de nouveau à leurs affaires.

Je ne connais pas de cerveau assez solide