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voyage au pays des brahmes.

Mais cela est sans importance ; du moment où la faute n’a pas été mise au jour, l’honneur est sauf.

Si, malgré tous leurs efforts, elles ne peuvent arriver à dissimuler leur état, si elles sont, par exemple, surprises dans la retraite qu’elles se sont choisie, les veuves alors se voient arracher solennellement devant les chefs de castes le pagne et le voile blancs, signe de leur état, elles sont rejetées et de la caste et de la famille, et entrent dans la classe des prostituées.

Une vie toute nouvelle commence pour ces femmes : elles peuvent se parer de bijoux, d’effets somptueux, et exercer au grand jour un métier qui n’a plus rien de déshonorant pour elles, puisqu’elles font partie dorénavant de cette caste spéciale qui est en possession du privilège obligatoire de vendre l’amour facile et les rêves insensés par l’opium et le hatchis…

Pour se faire expertes dans leur art, elles vont prendre pendant quelque temps les leçons de quelque bayadère que l’âge ou la perte de sa beauté a forcée de quitter la pagode ; cette dernière leur enseigne l’art de composer des philtres qui ont la vertu d’inspirer l’amour lascif, des dragées ou bonbons au hatchis, des pastilles à la cantharide et des boissons excitantes. Façonnées ainsi à la débauche, elles deviennent, pour