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voyage au pays des brahmes.

soyez-en sûr, mais de la superstition religieuse.

— Que voulez-vous dire ?

— Quel que soit leur âge, il est défendu aux veuves de se remarier dans l’Inde, et dans un pays où les passions trouvent si facilement l’occasion de se satisfaire, une foule de veuves dans la vigueur de la santé et des sens, à qui toute union légitime est désormais interdite, ne sont que trop faciles à céder à toutes les séductions auxquelles elles sont en butte. La pudeur, cette dignité de la femme, n’est jamais un frein pour elles, et la seule chose qu’elles redoutent, c’est la divulgation de leur inconduite. Parmi toutes les preuves, la grossesse étant la moins discutable, elles s’en affranchissent en recourant sans le moindre scrupule à l’avortement. Toutes connaissent des drogues propres à se le procurer. Cette action odieuse, qui révolte tous les sentiments humains, est aux yeux de la plupart des Indous une chose sans conséquence. Selon eux, la destruction d’un être qui n’a pas encore vu le jour, est un moindre mal que le déshonneur d’une femme.

Lorsque les manœuvres pratiquées pour l’avortement n’ont point produit l’effet qu’on en attendait, les veuves indoues tentent un dernier moyen pour essayer de cacher les suites de leurs faiblesses : elles annoncent en public