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voyage au pays des brahmes.

ouvertement le métier de courtisane, sous la protection de son frère et du thasildar, qui se servaient de la police pour exploiter les pauvres diables qui se laissaient tenter par ses charmes.

À plus de vingt lieues à la ronde, la manœuvre était parfaitement connue, aussi les associés ne pouvaient-ils plus compter que sur les voyageurs pour alimenter leur petite industrie.

Si nous n’avions pas été là, Amoudou et Pounousamy eussent été obligés de payer les vingt roupies, c’est-à-dire plus de trois mois de leurs gages, et au lieu de rire du brahme et du thasildar, c’est à leurs dépens que la foule se fût égayée.

Le capitaine Durand n’en revenait pas de voir un chef de village descendre à de pareils actes.

— Ce qui m’étonne, lui répondis-je, c’est qu’il les accomplisse ouvertement, à part cela je ne connais pas dans l’Inde entière un thasildar qui ne soit disposé à se faire le pourvoyeur des Européens de distinction qui voyagent. Vous avez déjà dû vous apercevoir, mon cher capitaine, sans compter les occasions d’augmenter vos observations, qui ne vont point vous manquer, que dans la plupart des contrées de l’Inde, la femme fait partie, au même titre que le repas, de l’hospitalité qu’on accorde.

— C’est vrai, mais ce que nous avons vu dans