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de trivanderam à goa.

crus nécessaire de lui demander s’il reconnaissait l’exactitude de la plainte.

— Maître, répondit le Nubien, nous nous promenions hier soir avec Pounousamy dans les rues de Kandapour, lorsque nous fîmes la rencontre de deux femmes dans une boutique de tchandos (marchand de liqueurs), elles nous offrirent le betel-arrek dans leur demeure, nous les suivîmes, et ce matin nous avons trouvé la porte gardée par des pions de police ; ce brahme et le thasildar exigeaient de nous vingt roupies pour nous laisser sortir.

— Quelles sont ces femmes ? demandai-je à un Indou qui se trouvait près de moi.

— Saëb, me répondit-il, tes serviteurs sont bien allés chez Kandâlika, sœur d’Arouna, mais ils ne sont point les premiers, et à moins que Kandâlika ne meure avant ce soir, ils ne seront pas non plus les derniers.

La foule salua ces paroles par un immense éclat de rire… et je compris tout.

J’appris, en poursuivant mes renseignements, que Kandâlika était veuve, et qu’au lieu de conserver la situation vénérée de femme au pagne blanc[1] ou de cacher avec soin ses liaisons amoureuses, elle avait préféré exercer

  1. Vêtement obligé des veuves.