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de trivanderam à goa.

c’est le moment des longues causeries dans l’Inde. Pas une aldée, pas un village où les habitants ne se réunissent en groupe, pour écouter les récits merveilleux que viennent leur faire les rapsodes de la pagode.

La sieste de jour et une heure ou deux de sommeil la nuit suffisent amplement, sous ces latitudes, à réparer les forces du corps.

Pendant que nous voyagions, mon brave compagnon et moi, sur les routes mystérieuses des âges légendaires, nous entendions dans le lointain la voix du pandaron qui continuait à chanter sur un rythme monotone les hauts faits des héros et des dieux, et de la foule de Malabares qui l’écoutait, accroupie, s’élevait de temps en temps comme un murmure de respectueuse admiration, qui venait dominer le chant du conteur. Sous l’influence de la fraîcheur, des milliers d’oiseaux qui, aux heures caniculaires, dorment dans le plus épais des fourrés, peu à peu s’étaient éveillés, et du sommet des hauts tamariniers et des flamboyants, s’unissaient pour former le plus gracieux des concerts. Cédant à la fatigue, nous nous réfugiâmes dans nos charrettes, et nous ne tardâmes pas à fermer les yeux, bercés par ces harmonies singulières.

Nous fûmes réveillés au point du jour par de grands cris, au milieu desquels je distinguais