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de trivanderam à goa.

devra toujours se placer pour juger sainement les mœurs, usages et coutumes étranges qui vont, au cours de ce voyage, défiler devant lui.

En aucune autre contrée, les habitants n’offrent un pareil mélange de grandeur dans les sentiments et de décadence dans les actions, et alors que l’on chante encore, sur les bords du Godavéry, de l’Indus et du Gange, les stances immortelles des Védas et les poétiques slocas des paraboles du fils de Vischnou, on n’y rencontre plus ni dignité ni élévation morales. La femme n’y est comptée que comme un instrument de plaisir dont on trafique, et au milieu des écroulements du passé, l’amour, cette passion exclusive de tous les Orientaux, n’est resté poétique et raffiné dans le langage que pour mieux en voiler les excès sous des fleurs. L’homme, abruti par le servage religieux et la débauche, n’a ni le temps ni le courage de résister au servage politique des marchands anglais.

L’enfant est abandonné à lui-même, et s’élève libre d’allures et de mœurs, corrompu dès l’âge le plus tendre par les exemples de son père et de sa mère.

Si ce n’est pas encore une nation morte, certes, elle est en train de mourir.

Et cependant que de grandeur dans ces ruines,