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voyage au pays des brahmes.

armes et bagages, avec tout leur arsenal de prières, de dévots et de génies malfaisants, du côté des massacreurs de peuples. »

Il est impossible de mettre les pieds dans l’Indoustan, au milieu des ruines qu’y a laissées le passé le plus théocratique peut-être qui ait existé, sans que de semblables pensées viennent agiter votre esprit.

Au milieu de populations atteintes de décrépitude sénile, sans force de réaction contre des milliers d’années de servitude sacerdotale, on se prend à craindre, en les voyant mourir, que les peuples d’Europe qui descendent d’elles n’arrivent pas à rejeter à temps le joug de la superstition, et finissent, comme leurs aïeux de l’extrême Orient, par n’être plus que des nations historiques.

Ce qui domine l’Inde entière, c’est, d’un côté, cette grande figure de Christna, que la légende, la poésie, les arts ont divinisée, en lui donnant toutes les grandeurs, toutes les générosités, toutes les vertus, et de l’autre cette superstition abjecte qui navre tous les cœurs, avilit tous les caractères et ravale au niveau de la brute les trois quarts des Indous des castes infimes, pris sans cesse entre la crainte de Dieu et la peur du diable.

C’est à ce double point de vue que le lecteur