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voyage au pays des brahmes.

n’était pas la puissance infinie que les Védas ont si bien chantée, qui domine et règle les mondes, arbitre souverain de tout ce qui existe, matière ou intelligence, que cette foule invoquait… C’étaient les gnomes, les jakebas, les vampires, les dêvas et les rakchasas de toutes espèces, inventés par les prêtres pour faire oublier la raison, rendre la science impossible et terroriser les peuples à leur profit…

« Et je me mis à réfléchir à ces superstitions innombrables, à ces fables mystérieuses et à toutes ces ridicules croyances dont les pasteurs d’hommes ont abreuvé l’humanité pendant des milliers d’années, en se transmettant leurs formules dans le silence des pagodes ou des temples, torturant, brûlant, massacrant leurs adversaires au nom d’un Dieu qui n’est plus dans leur main qu’un épouvantail.

« Et il me semblait entendre dans la nuit du passé les cris de toutes les victimes que les chants des bourreaux ne parvenaient pas à étouffer.

« Quel effroyable concert !

« — Nous sommes les Bouddhistes et les mages, massacrés par les brahmes ; nous sommes les Birmans, massacrés par les Bouddhistes ; nous sommes les Amalécites, les Amorrhéens,