et ses filles, enfermées dans l’intérieur de la maison, tressaient le poil soyeux et long des chèvres pour en faire des vêtements, et pilaient pour le repas le gingembre, la coriandre et le safran, dont elles faisaient une pâte qui, mélangée avec le jus du piment rouge, devait servir à préparer le poisson.
« Malgré un continuel labeur, la famille était pauvre, car, jaloux de son honnêteté et de ses vertus, les autres pêcheurs s’étaient réunis contre Dourga et le poursuivaient chaque jour de leurs mauvais traitements.
« Tantôt ils dérangeaient ses filets pendant la nuit, transportaient sa barque dans le sable, afin qu’il perdît la journée entière du lendemain pour la remettre à flots.
« D’autres fois, quand il allait à la ville pour vendre le produit de sa pêche, ils lui arrachaient ses poissons de force, ou les jetaient dans la poussière pour que personne n’en voulût en les voyant souillés.
« Assez souvent Dourga revenait fort triste au logis, songeant qu’il ne pourrait bientôt plus subvenir aux besoins de sa famille. Malgré cela il ne manquait jamais de porter les plus beaux poissons qu’il prenait, aux saints ermites, et recevait tous les malheureux qui venaient frapper à sa porte, les abritant sous son toit et parta-