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de trivanderam à goa.

« Parmi ceux qui, depuis quelque temps, le suivaient le plus assidûment dans ses pérégrinations, il distingua Ardjouna, jeune homme appartenant à une des plus grandes familles de Madura, et qui avait tout quitté pour s’attacher à lui : il lui confia ses projets et Ardjouna jura de consacrer sa vie à le servir et à propager ses idées.

« Peu à peu ils s’adjoignirent une petite troupe de fidèles, qui partagea leurs fatigues, leurs travaux et leur foi. La vie qu’ils menèrent fut rude et on le conçoit : les enseignements égalitaires de Christna, la pureté de sa vie et de ses exemples avaient réveillé les peuples de leur assoupissement ; un souffle de force et de jeunesse commençait à circuler dans l’Inde entière, et les sectateurs du passé, ainsi que les rajahs, poussés par le tyran de Madura, ne cessaient de leur tendre des embûches et de les persécuter, car ils sentaient leur puissance et leur trône trembler sous le flot populaire qui commençait à monter.

« Mais rien ne pouvait leur réussir ; il semblait qu’une force plus puissante qu’eux tous se chargeait de faire échouer leurs desseins et de protéger les proscrits.

« Tantôt des villages entiers se soulevaient et chassaient les soldats envoyés pour arrêter