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voyage au pays des brahmes.

États, la mort lui avait ravi un à un tous ses enfants, et il vivait dans les craintes continuelles de catastrophes plus sombres encore.

« Poursuivi par l’idée qu’autrefois il avait eue en songe, qu’il devait être détrôné par le fils qui naîtrait de Devanaguy, au lieu de se repentir des crimes nombreux qu’il avait commis et qui l’avaient déjà fait châtier si rudement par le Seigneur, il résolut, pour s’enlever toute crainte sur ce sujet, de faire périr sa nièce. Dans ce but, il fit mêler du poison, extrait des plantes les plus dangereuses, à l’eau et aux aliments que chaque jour on faisait passer à Devanaguy dans sa prison ; mais, chose extraordinaire et qui le remplit d’effroi, la jeune fille non-seulement n’en mourut pas, mais encore sembla ne point s’en apercevoir.

« Il la laissa alors sans nourriture, pensant que la faim serait peut-être plus puissante que le poison. Il n’en fut rien, et Devanaguy continua à jouir de la plus parfaite santé, et malgré la surveillance la plus active, il lui fut impossible de savoir si elle recevait des aliments d’une main mystérieuse, ou si l’esprit divin qui l’embrasait tout entière suffisait à la soutenir.

« Ce que voyant, le tyran de Madura abandonna son intention de la faire mourir, et se borna à placer une forte garde autour de sa