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racontait les histoires les plus libidineuses, et l’on en riait.

Les amateurs de prostitution masculine se réunissaient à plusieurs pour aller passer la soirée chez un compère, où l’on fumait l’opium et où l’on trouvait toujours des boys à la porte, attendant la pratique.

Moins d’un quart de siècle après, un changement radical s’est opéré, et ce changement est dû incontestablement à l’introduction de la femme Européenne et à l’augmentation parallèle du nombre des prostituées Chinoises et Japonaises.

Le nombre d’Européens qui avaient la passion de l’opium a également beaucoup diminué. On les compte. Ils ont des maîtresses Annamites dressées à la préparation de la pipe ; dans l’armée, le type de l’officier fumeur d’opium, très fréquent il y a trente ans, a complètement disparu.

Quant à l’Européen pédéraste, il n’existe plus guère qu’à l’état de souvenir. Ceux qui ont conservé cette réputation sont de vieux négociants et fonctionnaires datant de l’ancien régime. Ils sont regardés comme une curiosité par les nouveaux venus. Que parmi ces derniers, il y en ait qui aient un faible pour l’amour Grec, la chose est possible, puisqu’il en existe même en Europe. Mais ils ne forment plus qu’une infime minorité, et, bien loin de se vanter de leur vice, ils le cachent soigneusement. Il leur faut l’ombre et le mystère et, pour ne pas donner l’éveil, ils n’osent même plus introduire nuitamment chez eux le nay et le boy. Autres temps, autres procédés.

La diminution de la prostitution masculine et féminine de l’Indigène n’est qu’apparente. — Il faut reconnaître que la Police de la Colonie a pris les mesures les plus louables pour débarrasser Saïgon de la plaie infectieuse des nays et boys pédérastes. Le séjour