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le culte du Soleil et de la Lune semblent avoir donné à Achéloüs les attributs du Nil : aussi le représentaient-ils sous la même forme, celle d'un taureau avec une figure humaine et barbue.

ACHÉMÉNIDE (ACHÉMÉNIDÈS), fils d'Adamaste, natif d'Ithaque et compagnon d'Ulysse, fut abandonné sur le rivage de Sicile, tandis que les autres gagnaient le large, et se mettaient à l'abri de la fureur de Polyphème, auquel ils venaient de crever l'œil. Virgile, à qui nous devons cette fable tout entière, le fait recueillir par Énée dans un endroit désert de l'île, et dans l'état le plus misérable.

ACHÉRON OU ACHÉRUNS. Nom que, dans l'antiquité, on donna à plusieurs fleuves qui avaient ceci de commun avec celui des enfers, qu'on en ignorait la source, ou une partie de leur cours. Ce mot se dit aussi pour les enfers. Selon quelques-uns, c'était un fils de la Terre ou de Cérès, qui, pour avoir désaltéré les Titans dans leur combat contre Jupiter, fut précipité aux enfers, et changé en fleuve.

ACHÉRONTIQUE. Qui a rapport à l'Achéron. — Livres achérontiques, livres composés par Tagès, qui contenaient, dit-on, la science étrusque et les rites infernaux.

ACHÉRUSIA OU ACHÉRUSIS. 1. Lac d'Égypte près de Memphis, au delà duquel on transportait les morts jugés dignes de la sépulture. La barque qui les portrait se nommait, dit-on, Baris, et la nautonier Charon. — 2. Lac d'Épire, près duquel était une caverne par où Hercule tira Cerbère des enfers. — 3. Lac de Campanie, entre Cumes et Misène, à peu de distance de l'Averne. — 4. Lac des Enfers dans lequel se jette l'Achéron.

ACHÉRUSIEN, ENNE. Qui se rapporte au lac Achérusie.

ACHILLE (ACHILLEUS). 1. Fils de Pélée, roi des Myrmidons en Phthiotide, et de Thétis, le plus fameux des héros qui se signalèrent au siège de Troie. Comme les poëtes postérieurs à Homère n'ont pas toujours suivi les traditions que celui-ci nous a transmises à son sujet, nous exposerons succinctement ce que l'Iliade et l'Odyssée nous offrent de remarquable sur ce héros, et les différences qui se rencontrent dans les récits des autres poëtes. Dans sa plus tendre enfance, il eut pour précepteur Phœnix, qui lui enseigna l'éloquence et la guerre, et qui l'accompagna aussi dans l'expédition de Troie. Il était musicien, et fut instruit dans la médecine par le centaure Chiron. Il se joignit à la flotte d'Agamemnon avec 50 vaisseaux, et un grand nombre de guerriers myrmidons, hellènes et achéens. Devant Troie il se signala bientôt par les plus nobles exploits, quoique sa mère lui eût prédit que la brièveté de sa vie serait en proportion de la grandeur de sa gloire. Il fut le favoir de Minerve et de Junon, et, selon l'expression d'Homère, le rempart des Grecs. Partout où il se présente, il triomphe ; il ravage les alentours de Troie, et va détruire douze villes par mer, et onze par terre. Dans le partage du butin provenant de la prise de Thébé, ville de Cilicie, Chryséis, fille d'un prêtre d'Apollon, était échue en partage à Agamemnon. Son père Chrysès, l'ayant redemandée en vain, obtint d'Apollon, dont il était aimé, que l'armée des Hellènes serait affligée de la peste. Alors Achille, voulant libérer le peuple de ce fléau, insiste pour qu'on se réconcilie avec le fieu, en donnant la liberté à Chryséis. Contraint de la rendre à son père, Agamemnon exige d'abord un dédommagement. Achille le lui promet, sur le butin que donnera la prise de Troie. Mais bientôt, voulant tirer vengeance d'Achille en particulier, Agamemnon lui ravit Briséis, sa captive chérie. Le héros, ne consultant que sa fureur, va frapper le roi, sur lequel son glaive est déjà levé : mais Minerve s'élance précipitamment du sommet de l'Olympe, vient arrêter Achille, en le saisissant par la chevelure. Docile aux conseils de la déesse, il cède Briséis à Agamemnon ; mais il jure qu'il ne prendra plus aucune part aux combats. Pendant les dix ans que dure sa retraite, les Grecs essuient des défaites multipliées, qui décident enfin Patrocle à se revêtir de l'armure d'Achille, son ami, et à combattre à la tête des Myrmidons. Il sauve les vaisseaux, refoule les Troyens jusque derrière leurs murs ; mais alors il est tué par Hector. À cette nouvelle, Achille court le venger : tout cède à sa fureur, les Troyens sont vaincus, et Hector tombe sous ses coups. Trois fois il le traine autour de Troie, attaché par les pieds à son char. Cependant il se laisse toucher par les larmes et les prières du vieux Priam, et lui rend le corps de son fils. Achille toutefois ne devait pas voir la prise d'une ville à la chute de laquelle il avait tant contribué ; une flèche fatale l'atteint : Homère ne nous apprend pas le nom de celui qui la lança. Voici le portrait que ce poëte nous trace du plus beau, du plus agile et du plus vaillant des Hellènes. Il est doux et affable envers sa mère et ses amis, terrible dans les combats, qu'il aime avec passion ; hospitalier, bienfaisant envers les malheureux, franc et sans ménagement dans le conseil. Il pouvait jouir d'une vie longue et paisible dans sa patrie : il la sacrifie pour une vie courte, mais glorieuse. Intraitable quand son honneur est attaqué, furieux dans sa colère, inflexible pour Agamemnon, il est soumis et obéissant aux dieux. Selon les poëtes postérieurs à Homère, Thétis, voulant détruire tout ce qu'il y avait de mortel dans son fils, l'exposait, dans son enfance, toutes les nuits, à un feu violent, et pansait ses plaies avec de l'ambroisie. Un jour, Pélée, voyant son fils au milieu d'un grand feu, poussa un cri de frayeur ; Thétis alors abandonna l'enfant, et se réfugia chez les Néréides. Une autre tradition porte qu'à sa naissance sa mère le plongea dans le Styx, ce qui rendit son corps invulnérable, excepté le talon par où elle le tenait. Il fut élevé par le centaure Chiron, qui, pour lui donner de la force, le nourrissait de la moelle des bêtes