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Et me semble que ma litière
Ne bouge ou retourne en arrière[1] ;
Tant j’ay de m’avancer désir !
Ô qu’elle est longue la carrière
Où à la fin gist mon plaisir !

Je regarde de tout costé
Pour voir s’il n’arrive personne,
Priant la céleste bonté
Que la santé à mon roy donne ;
Quant nul ne voy, l’œuil j’abandonne
A plorer, puis sur le papier
Un peu de ma douleur j’ordonne :
Voilà mon douloureux métier.

Ô qu’il sera le bienvenu
Celluy qui, frappant à ma porte,
Dira : Le roy est revenu
En sa santé très bonne et forte :
Alors sa sœur, plus mal que morte,
Courra baiser le messager
Oui telles nouvelles apporte.
Que son frère est hors de danger.

Marguerite de Valois, reine de Navarre.

  1. Elle était en route pour aller visiter François Ier, son
    frère, prisonnier à Madrid.