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LE DÉPART


Il est vrai, ce départ, mon cœur le désirait ;
Mais aujourd’hui je tremble… Est-ce donc un caprice,
Et dois-tu me gronder de mon trouble secret ?
Partir ! à ce moment tout devient sacrifice ;
Tous les objets alors obtiennent un regret.
Je parcours le jardin : chaque arbre, chaque allée
Recoivent un adieu de la pauvre exilée.
Tout me paraît plus beau, tant mes yeux sont charmés ;
J’ai regret au soleil qui pourpre ma croisée,
Et qui vient au matin sur mes rideaux fermés
Dessiner le jasmin tout couvert de rosée,
Et grimpant en festons légèrement formés.
Dans ma mémoire ainsi tout se grave et demeure ;
Et la table où le soir j’écris à mon ami,
Et le grand fauteuil vert où j’y pense à toute heure,
Où, quand il ne vient pas, je m’appuie et je pleure ;
Et ce coin que le jour n’éclaire qu’à demi,
Où pour lui seul à Dieu j’adresse mes prières ;
Et le long corridor où résonnent ses pas :
Jusqu’au mur de la cour, dont je compte les pierres,