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à sa sœur et à ses amis. Vous sentez combien le fond de ce tableau peut intéresser la scène. Où est mon frère ? disait cette sœur accablée en parcourant des yeux le jardin : il n’est plus, il a passé comme une ombre !… Vous, fleurs, qu’il cultivait avec tant de plaisir, vous n’avez déjà plus cette fraîcheur que vous deviez à ses soins ; périssez avec lui, courbez-vous, séchez jusqu’à la racine !… Vous, poissons, puisque vous n’avez plus de maître ni d’ami qui veille à votre conservation, retournez dans les grandes eaux, allez courir après une vie incertaine… Et vous, petits oiseaux, si vous survivez à votre tristesse, que ce ne soit que pour accompagner mes soupirs de vos chants funèbres… Mer tranquille, vos flots à présent sont agités ; seriez-vous aussi sensible à ma peine ? — Jugez de l’effet que produisait sur les spectateurs cette touchante apostrophe, faite avec cette tranquillité que la douleur ne permet qu’aux grandes âmes. Cette dame, se tournant ensuite vers ses esclaves : Pleurez, mes enfans, leur dit-elle ; vous n’avez plus de père ; mon frère n’est plus, la mort cruelle nous l’a ravi : il a disparu comme l’ombre, et nous ne le verrons plus. Ces lieux, que sa présence rendait agréables, ne doivent être pour nous qu’un séjour de deuil et d’affliction. — Il n’est pas possible