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de l’Elbe et de la Sprée se troublent facilement par l’orage ; le Rhin seul est presque inaltérable. Les contrées qu’il traverse paraissent tout à la fois si sérieuses et si variées, si fertiles et si solitaires, qu’on serait tenté de croire que c’est lui-même qui les a cultivées, et que les hommes d’à présent n’y sent pour rien. Ce fleuve raconte, en passant, les hauts faits des temps jadis, et l’ombre d’Arminius semble errer encore sur ces rivages escarpés.

Les monumens gothiques sont les seuls remarquables en Allemagne : ces monumens rappellent les siècles de la chevalerie. Dans presque toutes les villes les musées publics conservent des restes de ces temps-là. On dirait que les habitans du nord, vainqueurs du monde, en partant de la Germanie, y ont laissé leurs souvenirs sous diverses formes, et que le pays tout entier ressemble au séjour d’un grand peuple qui depuis long-temps l’a quitté. Il y a dans la plupart des arsenaux des villes allemandes des figures de chevaliers en bois peint, revêtus de leur armure : le casque, le bouclier, les cuissards, les éperons, tout est selon l’ancien usage, et l’on se promène au milieu de ces morts debout, dont les bras levés semblent prêts à frapper leurs adversaires, qui tiennent aussi de même leurs lances en arrêt. Cette image immobile