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Ils en envoyèrent des exemplaires dans toutes les villes qu’ils voulaient occuper. Cette proclamation était colportée par des prisonniers que les Français avaient délivrés à Malte et dont la plupart étaient des Maughrabins, de religion chrétienne, comme les habitants de l’île ; ils parlaient les langues étrangères et les Français s’en servaient comme espions. Ces Maughrabins arrivèrent à Boulaq un ou deux jours avant les Français.

Voici le texte de la proclamation :

Au nom du Dieu clément et miséricordieux !

Il n’y a point d’autre Dieu que Dieu et il n’a ni fils, ni associé dans son empire.

« De la part de la nation française, fondée sur la liberté et l’égalité, Bonaparte, le grand général et le chef de l’armée française, fait savoir à tous les habitants de l’Egypte que depuis trop longtemps les sandjaks qui gouvernent le pays insultent à la nation française et couvrent ses négociants de toutes sortes d’avanies ; l’heure de leur châtiment est arrivée.


Mais Dieu, maître de l’univers et Tout-puissant, a ordonné que leur empire finît. Peuple de l’Egypte, on vous a dit que je ne suis venu ici que pour détruire votre religion ; cela est mensonge ; ne le croyez pas ; dites à ces diffamateurs que je ne suis venu chez vous que pour arracher vos droits des mains des tyrans et vous les restituer, et que, plus que les mamelouks, j’adore Dieu et respecte Son Prophète et le Coran.

Dites-leur aussi que tous les hommes sont égaux devant Dieu:la sagesse, les vertus et les talents mettent seuls de la différence entre eux. Or, entre les mamelouks, la sagesse et les vertus, il y a une grande distance ; qu’est-ce donc qui les distingue des autres pour s’approprier l’Egypte et avoir exclusivement tout ce qui se trouve de mieux parmi les belles esclaves, les beaux chevaux, les maisons somptueuses ?

Si la terre d’Egypte est une ferme des mamelouks, qu’ils nous montrent le bail que Dieu leur en a fait. Mais le Maître de l’univers