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LE TOUCHER MUSICAL.

me représente malgré moi un point central qui lui-même serait divisible en quatre vitesses différentielles ; et de ce point s’étendent comme en un tourbillonnement continu des différenciations rythmiques circulaires par lesquelles l’espace renfermé dans la ligne tracée est divisé en une multitude de cercles dont aucun n’a une vitesse égale de parcours. C’est de cette sensation de plénitude de l’espace que surgit la forme tracée.

Évidemment, de cette sensation de plénitude ne peut surgir qu’un trajet circulaire correct ; et du reste de quelque forme qu’il s’agisse, c’est cette capacité de conscience intégrale qui anime le mouvement de l’artiste. Elle est l’intuition qui le guide.

La mesure est en nous, et ce fait sera bien mieux prouvé un jour par l’éducation physiologique de la main qui développera pratiquement la conception de la mesure, qu’il ne l’a été jusqu’ici, à l’aide de la réflexion, avec des mesures théoriques, par l’éducation intellectuelle dont nous représentons, à l’heure actuelle, le produit survivant.

L’allure esthétique dans le rythme du regard et l’allure esthétique des mouvements artistiques.

Cette plénitude de sensations d’espace qui doit animer la conscience du peintre, du dessinateur, est équivalente à cette plénitude de sensations d’espace provoquées par les attitudes manuelles du pianiste dont nous avons parlé.

Nous avons même supposé que ce principe rythmique constaté dans les traits tracés avec la plume, dans l’échelonnement des pressions des dix doigts