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LES SENSATIONS DE SURFACES

Par le manque d’adaptation des pressions, il peut arriver que le pianiste fasse disparaître partiellement l’harmonie des intervalles et des tonalités musicales, sous l’influence de la discordance des pressions ; mais inversement, il peut arriver aussi que les sons, malgré leurs discordances, soient amenés à fusionner dans l’harmonie des pressions.

Cette harmonie des pressions réside dans une conscience supérieure dont on ne peut vraiment avoir une notion exacte qu’à travers les sensations auditives, c’est-à-dire à travers l’harmonie musicale avec laquelle elle concorde. Car si ces deux harmonies sont indépendantes, leur unité est néanmoins très intime, puisque l’une de ces harmonies a pu révéler l’existence de l’autre.

Dans nos recherches sur la géométrie linéaire du toucher musical, nous avons vu, d’une part, que la sonorité défectueuse dans laquelle les sons d’un accord loin de fusionner se repoussent, pour ainsi dire, correspond à des dispositions linéaires disparates entre lesquelles il ne subsiste pas de lien : nous avons vu d’autre part que dans l’exécution harmonieuse d’un accord, il se produit, malgré le plus ou moins d’écartement communiqué aux doigts, une correspondance entre l’agencement linéaire des différents touchers.

Voici la démonstration de ce fait :

L’incoordination du toucher. — Les pressions incoordonnées qui désagrègent l’harmonie musicale, correspondent aux trois dispositions linéaires des empreintes, figure 24.

L’harmonie du toucher. — Les pressions harmo-